La présence humaine dans la vallée du Nil est assurée dès le paléolithique inférieur (500 000 - 120 000 ans av. J.-C.). Les hommes s'adaptent au régime des crues du Nil en se regroupant, au fil des saisons, à l'entrée de wadis aujourd'hui désertiques. Au paléolithique, ils exploitent les ressources locales en pretiquant la péche, la chasse et la cueillette en stockant les provisions pour les périodes fastes de l'année. Vers 6000 - 5000, le climat devient progressivement plus aride, et diverses populations venant du Sahara oriental et du désert Arabique se rapprochent de la vallée : elles connaissent la céramique, peut-être l'élevage. Plus au sud, la poterie est connue environ un millénaire plus tôt.
Nouvelle étape : le métal (or et cuivre) apparaît. La société se diversifie, comme en témoigne le mobilier des tombes de cette époque. Dans un même temps, les pasteurs-agriculteurs commercent avec le Proche-Orient. Cette culture est appelée Nagada, du nom du principal site où furent découverts les premiers vestiges, dans la région de Dendera. Vers 3500, l'aridité s'accentuant, les groupes de Haute-Egypte se resserrent le long du fleuve, l'habitat devient plus dense et l'agriculture gagne en importance. Une classe dominante se développe, et en conséquence un artisanat de luxe. L'irrigation artificielle apparaît, en complément de la crue du Nil.
Les rois de cette dynastie sont tous enterrés à Abydos, dans d'immenses tombes de briques crues aux nombreuses pièces remplies de jarres contenant de la nourriture et du vin, de vases en pierre, d'armes, d'outils en cuivre, de meubles en bois, etc. Selon la tradition relayée par Manéthon, Ménès aurait scellé l'unité du pays et fondé la ville de Memphis.
Les rois de cette dynastie sont obscurs, bien que l'un déeux, Ninetjer, ait sans doute régné 45 ans. Deux d'entre eux ont fait couler beaucoup déencre : Péribsen, qui porte, au lieu du à nom déHorus à de ses collégues, un à nom de Seth é, pouvant indiquer une scission de la royauté entre Sud et Nord ; et le dernier roi, Khésékhem, qui aurait symboliquement changé de nom en cours de régne pour manifester une réunification ou une réconciliation nationale. Sa tombe est léune des premiéres à posséder des éléments en pierre.
L'un des symboles les plus visibles de léEgypte prend naissance durant cette dynastie : la pyramide de grande taille, érigée en pierre. Il existe déjà des temples divins, ornés de reliefs. Chef des travaux de Djéser et grand prêtre déHéliopolis, Imhotep est considéré comme léinventeur de la pyramide à degrés, bâtie pour son maître à Saqqara. Les rois suivants sont eux aussi assez obscurs, à l'exception du dernier, Houni.
Houni, Djoser (Fondateur de cette Dynastie et 1er roi de l'Ancien Empire, il se lance dans un vaste programme architectural comprenant l'édification de la 1ére pyramide de Saqqarah), Sekhemkhet
Illustre grâce aux noms de Khéops, Khéphren et Mykérinos, cette dynastie est en réalité assez mal connue, surtout vers la fin. C'est l'époque des pyramides colossales, accompagnées de temples dont le décor sculpté a disparu dés l'antiquité. C'est pour Snéfrou que la pyramide lisse, sans degrés, a été créée. Son fils Khéops pourvu d'au moins trois épouses, eut une douzaine de fils, dont Didoufri qui fut le premier souverain à introduire dans sa titulature le nom du fils de Ré. Khéphren, un autre fils de Khéops, demi frère de Didoufri, a régné environ 25 ans. Son fils Mykérinos fait bâtir une pyramide qui peut sembler modeste. La fin de la Dynastie, après Chepseskaf, paraît fort troublée par de nouvelles querelles dynastiques.
Snéfrou, Khéops, Didoufri (Djedefré), Khéphren, Mykérinos, Chepseskaf (les rois de cette Dynastie édifient les monuments les plus grandioses et les plus célébres de l'Egypte Ancienne : les pyramides et le grand sphinx de Gizeh)
Cette dynastie est la seule de l'Ancien Empire pour laquelle les diverses sources s'accordent en gros sur le nombre des rois et leur ordre de succession. Une tradition légendaire prétend que ses trois premiers souverrains sont issus du dieu Ré, mais ils sont peut-être de la même famille que la dynastie précédente. Leur dévotion au soleil est toutefois incontestable. Les tombes de particuliers sont plus nombreuses, plus vastes, plus riches en éléments autobiographiques. C'est à Ouserkaf, qui a dé régner 7 ans, que l'on doit le premier temple solaire. Après quelques autres rois, la dynastie s'achève avec Ounas.
La prospérité du pays est alors grande, et toutes les sources d'approvisionnement en matériaux de toutes sortes sont exploitées sans entraves, de la Nubie au Proche-Orient. Successivement régnent Téti (moins de 15 ans), Ouserkaré, Pépi Ier (44 ans), Mérenré Ier (7 ans é), Pépi II (plus de 70 ans, peut-être 94 ans), Mérenré II (1 an é). Puis Nitocris : elle serait la première femme pharaon de l'histoire égyptienne. Elle aurait régné quelques années, puis se serait suicidée aprés avoir vengé le meurtre de son frère.
Téti, Ouserkaré, Pépi Ier (Mériré), Merenré Ier, Pépi II, Merenré II, Nitocris
Cette période est si confuse qu'il est impossible de donner une liste de rois. De la VIIème dynastie, Hérodote dit même qu'elle compte à 70 rois en 70 jours à : s'agit-il d'une erreur ou d'une image, destinée à faire comprendre que le pays est divisé, gouverné par une multitude de roitelets locaux ? A éclaircir...
Ces deux dynasties correspondent aux souverain d'Hérakléopolis. L'un de ces Mérikaré bénéficia de l'enseignement de son père, qui devint l'un des classiques de la littérature égyptienne, recopié par des générations d'élèves scribes.
Cette famille thébaine lutte contre les chefs d'Hérakléopolis et finit par réunifier le pays, sous le régne de Montouhotep II : c'est cet événement qui a été choisi par les historiens pour marquer le début du Moyen Empire.
Montouhotep II unifie l'Egypte au détriment d'Hérakléopolis, sans doute vers 1995, puis assure ses frontières et entreprend de vastes travaux de restauration dans les temples de Haute-Egypte. De telles réalisations nécessitent des expéditions aux mines et carriéres, et jusqu'au pays de Pount.
La restauration : Aménemhat Ier, d'abord vizir de Nebtaouyré, s'attache à légitimer son pouvoir. Il remet en ordre le pays, conduit des opérations militaires à l'étranger et aux frontières, établissant à la frange orientale du Delta une ligne de fortins destinée à freiner les infiltrations des populations asiatiques. Sésostris Ier met à profit un règne long de prés d'un demi siècle pour asseoir définitivement la légitimité de sa dynastie. Le long règne d'Aménemhat II voit se multiplier les contacts avec l'étranger.
La réforme de l'Etat : Sésostris II inaugure une ére d'innovations : il établit des fortifications en Basse-Nubie, fait mettre en valeur les terrains marécageux du Fayoum. Sésostris III poursuit les grands travaux de son père en Nubie où il sera divinisé. Sébeknéfrou, une femme pharaon fort mal connue, clôt la dynastie.
Aménemhat Ier, Sésostris Ier, Aménemhat II, Sésostris II, Sésostris III, Aménemhat III, Aménemhat IV, Sébeknéfrout
Pendant environ 150 ans, une soixantaine de rois se succédent très rapidement. On ignore pour quelles raisons l'institution royale connaét alors une crise qui ne touche pas l'administration.
Ougaf, Sébekhotep III, Aménemhat, Khendjer, Néferhotep, Hyksés, Chian, Apopi
On y regroupe des souverains de Basse-Egypte : une ligne installée à Xoès contréle l'ouest du Delta, tandis que l'autre gouverne l'est depuis Avaris. De nombreuses populations orientales sont installées dans cette dernière région.
Populations hétérogénes, en majorité sémitiques, les Hyksos, aprés avoir infiltré le Delta oriental, se rendent maîtres de la principauté d'Avaris et finissent par se faire couronner pharaons à Memphis. Ils dominent la partie orientale du Delta. Bien qu'égyptisés, les rois hyksos conservent, notamment en matière de religion, des traditions orientales. L'Egypte leur doit l'introduction de nouvelles armes de guerre, et peut-être celle du cheval.
Venue au pouvoir à Thébes à la suite de la XIIIème dynastie, la XVIIéme est d'abord contrainte de payer tribut aux Hyksos. Sans doute maêtres du terrain depuis El-Kab jusqu'à Coptos, ses rois combattent longtemps sans véritables succès, avant de reconquérir le pays, ouvrant la porte du Nouvel Empire. Après un certain nombre de rois obscurs, Séqénenré Tïa meurt jeune, sur le champs de bataille.
La reconquête : Ahmosis expulse les Hyksos et les poursuit jusqu'en Palestine puis se retourne contre leurs alliés nubiens. Il rouvre mines et carriéres, rétablit le commerce international et réorganise la gestion des domaines des temples. Son fils, Aménophis Ier, attache une importance particulière au retour à la tradition artistique et culturelle, donnant naissance à un style classique. Thoutmosis Ier réalise de nombreux travaux à Karnak comme à Memphis. De sa soeur-épouse, il a une fille, Hatchepsout, tandis qu'une épouse secondaire donne naissance au futur Thoutmosis II. Celui-ci, marié avec sa demi-soeur Hatchepsout, aura un règne bref. Il laisse un fils né d'une autre épouse, le futur Thoutmosis III.
Le temps de la splendeur : Aménophis II, fils de Thoutmosis III, doit reprendre les armes pour défendre son empire. Sous le régne de son fils Thoutmosis IV trouve un réglement à l'amiable par le mariage du roi avec la fille d'Artatama Ier. Son fils Aménophis III n'est qu'un enfant lorsqu'il devient roi. Durant son règne de plus de 40 ans, il construit beaucoup.Aménophis IV, également connu sous le nom d'Akhénaton, déménage la Cour en Moyenne-Egypte. Toutankhamon, dernier représentant de la famille, retourne à Thèbes et restaure des réformes traditionnellesde vie religieuse.
Ahmosis, Aménophis Ier, Thoutmosis Ier, Thoutmosis II, Hatchepsout, Thoutmosis III (ce fut le plus grand des pharaons), Aménophis II, Thoutmosis IV, Aménophis III (il fit de grandes réalisations architecturales), Aménophis IV (Akhénaton), Smenkhkaré, Toutankhamon, Aé, Horemheb
Aprés le régne très court de Ramsés Ier, son fils Séthi Ier redonne le premier à l'Egypte sa place dans le concert des puissances orientales, puis relance l'exploitation des mines et des carrières, pour mener à bien une politique de constructions ambitieuse.
Pi-Ramsés, Ramsès Ier, Séthi Ier, Ramsés II, Néfertary, Mérenptah, Séthi II, Siptah, Taousert
Sethnakht se présente comme l'élu des dieux, choisi pour rétablir l'ordre. Son fils Ramsés III est le dernier roi du Nouvel Empire à régner avec quelques éclats.
Sethnakht, Ramsès III, Ramsès IV, Smendès, Ramsès VI, Ramsès IX, Ramsès XI
Partagé entre Tanis et Thèbes, le pouvoir est en fait aux mains d'une même famille : ainsi, Psousennès Ier, qui a rallié Tanis pour succéder à Smendés, est le fils du grand prêtre Karnak Pinnedjem. Il fait de Tanis la Thèbes du Nord, calquant l'organisation des cultes sur la théologie thébaine.
Smendès, Hérihor, Pinedjem, Psousennès Ier, Aménémopé, Osorkon, Siamon, Psousennès II
L'époque est d'abord brillante, avec le règne de Chéchonq Ier. Après quoi les querelles de succession font rage, menant à l'éclatement du pouvoir entre différentes principautés.
Chéchonq Ier, Osorkon Ier, Chéchonq II, Takelot I, Osorkon II
D'origine libyenne également, elle est en partie contemporaine des XXIVème et XXVème dynasties. Les derniers pharaons ne régnent plus que sur une partie du Delta.
Originaire de Saïs, elle lutte contre la XXVème dynastie qui tente de conquérir le Delta après avoir assis son pouvoir sur la Haute-Egypte. Tefnakht réussit à repousser les Nubiens, et son fils Bocchoris domine apparemment Memphis, Tanis et jusqu'à Hérakléopolis. Il aurait été brûlé vif par le roi nubien Chabaqa.
Avec la victoire de Chabaqa contre Bocchoris en 715, toute l'Egypte est annexée, mais le Delta ne désarme pas.Tantamani réagit, provoquant finalement le sac de Thèbes par Assourbanipal en 663. La dynastie ne survivra pas à ce raid, dont les Saïtes tirent profit.
Ses souverains originaires de Saés s'opposent aux Ethiopiens de la XXVéme dynastie, les chassent et établissent sur l'Egypte entière une période de paix et de prospérité, où la création artistique met à profit les styles clasiques égyptiens comme l'ouverture du monde méditerranéen. Psammétique Ier, aprés s'être opposé à un retour des Ethiopiens, conquiert la Haute-Egypte où il établit sa fille comme divine adoratrice.
Psammétique Ier, Nékao II, Psammétique II, Apriès, Amosis, Psammétique III
L'Egypte devient alors une province de l'Empire achéménide, gouvernée depuis Memphis par un satrape et par un trésorier, administrée par des fonctionnaires locaux. Prospère, le pays est rapidement exploité. Cambyse, fils de Cyrius, est investi pharaon à Saésaprés avoir pris Memphis. Hérodote rapporte qu'il assassina le taureau Apis : pourtant, un sarcophage du Sérapeum de Memphis prouve qu'il en fit enterrer un en grande pompe. On doit à Darius Ier l'achêvement du canal joignant la Méditerranée et l'isthme de Suez, la restauration de temples égyptiens et la notation systématique des coutumes locales. Sous Darius II, une dernière rébellion, décisive, rend à l'Egypte sa liberté.
Cambyse, Darius Ier, Xerxès, Antaxerxès Ier, Darius II
Originaire de Saïs, la XXVIIIème dynastie a pour unique roi Amyrtée. Il est renversé par Néferitès Ier, qui inaugure une nouvelle dynastie fort troublée, originaire de Mendès. Le dernier roi, Néferitès II, un an aprés son investiture, est déposé par un adversaire venu de Sébennytos.
C'est la derniére dynastie indigéne d'Egypte. Durant cette époque à la fois troublée et brillante, le pays se couvre de monuments. A ses portes, les Perses sont de nouveau menaéants : l'armée pharaonique ne pourra résister. Sous Nectanébo Ier, une attaque perse est repoussée et la tradition des pharaons bâtisseurs reprend avec un indéniable brio. Son petit-fils Nectanébo II doit affronter les assauts du Perse Artaxerxés III. La tradition égyptienne en fait un héros national, allant jusqu'à raconter que, magicien, il aurait pris la forme d'un dieu pour engendrer...Alexandre Le Grand.
Durant cette période, Artaxerxès III reconquiert l'Egypte, qui demeure aux mains des Perses jusqu'à la défaite de Darius III face à Alexandre III dit Le Grand, roi de Macédoine. Ce dernier, aprés avoir pris Memphis et s'être fait reconnaêtre roi par le dieu Amon dans l'oasis de Siwa, fonde Alexandrie et retourne guerroyer en Orient, où il meurt à Babylone. Son empire est alors partagé entre ses généraux, et l'Egypte échoit à Ptolémée, fils de Lagos, nommé satrape d'Egypte.
Antaxerxés III, Darius III, Alexandre III dit Le Grand, Ptolémée
A la mort d'Alexandre III, successivement Philippe Arrhidée puis Ptolémée Ier Séter furent intronisés pharaons. Mais l'égypte ne menait plus son jeu seule. Elle devenait un moyen déaction entre les mains des diadoques, même si aucun ne devait reconstituer l'empire déAlexandre. Elle eut encore au Saïd des pharaons indigénes en révolte, Harmakhis, Anchmakhis, Harsiésis, qui ne furent que des espoirs et que des noms. D'Alexandrie, moins égyptienne qu'accrochée au flanc de l'Egypte, Alexandria ad Aegyptum comme disaient les Romains, des Grecs dirigeaient selon leur politique grecque un pays tantét hostile, tantôt indifférent. Et quand Cléopâtre VII se tua, en 30 avant J.-C., l'Egypte devint une province de l'Empire romain et n'eut plus même d'histoire propre, sauf celle de ses révoltes sans résultat.
